Jeanne Proust


L´amour de Marcel Proust pour sa mère n´a eu d´égal que l´amour de Jeanne Proust pour son fils. „Elle m´a cent fois trop aimé“. Sans elle, „A la recherche du temps perdu“ n´aurait pas vu le jour. Cette fresque a été écrite après sa mort dans un but de réparation. Marcel, velléitaire et procrastinateur, était conscient de l´avoir profondément déçue: Quand elle disparaît, il n´a plus qu´un but: „ Il me serait si doux avant de mourir de faire quelque chose qui aurait plu à maman“. Et il s´est mis à l´oeuvre.. ..au double sens du terme. Jeanne Proust est née Weil dans une riche famille juive émigrée d´Allemagne après la Révolution Française. Son grand-père Baruch Weyl, installé à Bürgel près de Offenbach, avait appris le métier de porcelainier à Höchst- am- Main et créé à Fontainebleau la célèbre „Porcelaine Baruch Weil“. Les Weil se veulent ressortissants français, mais se marient néanmoins entre juifs. Jeanne est la première à faire un mariage exogame. En 1870, à 21 ans, cette jolie jeune fille très cultivée épouse le Dr. Adrien Proust, âgé de 36 ans, catholique, fils d´épiciers d´Illiers en province (immortalisé dans l´oeuvre sous le nom de Combray). Marcel Proust décrira l´union de ses parents comme „L´association de deux situations sociales qui s´attirent“: Adrien Proust a besoin de la dot de Jeanne pour asseoir sa position sociale. Jeanne Proust désire l´assimilation, car les Juifs vivent dans un „ghetto moral“ toujours fragile. Elle veut des enfants catholiques. En fait, cette femme dressée à devenir une parfaite grande bourgeoise et faite sur mesure pour le rôle de mère met tout en place pour une vie modèle. Ses deux fils, Marcel et Robert, ont un brillant avenir devant eux, tout tracé d´avance. Mais voilà, la vie en décidera autrement. Marcel ne sera pas comme les autres. Hyper émotif, d´une sensiblerie morbide, malade des nerfs, asthmatique, homosexuel, „neurasthénié par mon incapacité de prendre une décision“, il va mettre l´amour de sa mère à rude épreuve. Elle va le couver, le protéger, le materner, le contrôler, le guider, l´assister toute sa vie sans relâche. „A chaque instant je te remercie mentalement … de me faire la vie si facile et qui serait si douce si j´étais tout à fait bien“. Mais il lui arrivera à Jeanne de se révolter contre la tyrannie de ce fils incapable de vivre seul et de passer à l´acte.

Suzanne Bohn raconte ici une la vie d´une grande bourgeoise juive, issue du patriarchat du 19ième, une mère de génie, mais surtout une femme qui, pour l´amour de son fils, a sans cesse dû revisiter ses propres idéaux et mettre ses attentes en veilleuse jusqu´ à les renier.

Le sujet invite aussi à une réflexion sur ce qu´il est convenu d´appeler “l´instinct maternel”.

 

 

Agenda

Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
  • Titre
  • Date
  • Au hasard