Coluche

„C´est l´histoire d´un mec“ qu´avait même pas son certificat d´étude („Mais j´ai pas essayé de le passer trois fois“), et qui va se hisser sur le haut de la scène du showbiz français, devenir une star du music-hall: „Dans notre métier, il faut savoir dire oui pour se faire un nom“

Très vite, dès les années 75, il compose son personnage , exploitant ses origines au lieu de les renier: un bon gros prolétaire en salopette, au nez rouge, vulgaire à souhait “parce que les gros on leur pardonne tout“. Comique irrésistible et comédien génial, il trouve vite ses marques: l´antiracisme, mais attention, l´antiracisme intolérant! „Je me bats contre les pédants, les cons et les tartuffes. Je parle des moeurs de mon époque. Et je suis en dessous de la vérité“.

Il devient la figure d´identification et le symbole vivant du Français moyen. „Ce qui est bien , c´est que les gens se reconnaissent en moi. Les plus cons, les plus laids se disent “Si un mec comme ça peut réussir, pourquoi pas moi? Je suis l´idéal des médiocres“. Il est surtout pour beaucoup le roi de la provoc qui se met à dos pas mal de gens: les flics, les militaires, les anciens combattants, les veuves de guerre, les hommes politiques, enfin tous ceux sur lesquels il tape à longueur de shows. Même que beaucoup se méprennent sur la teneur de ses paroles et le félicitent de leur en avoir mis plein la figure, aux Arabes. „En Tunisie, une manifestation d´Arabes contre la pauvreté. C´est un pays où il y a décidément trop de Beurs et pas assez de pain“.

De 1975 à 1980 Coluche vit son âge d´or. En dehors de ses shows, Il fait du cinéma, de la radio et presque de la prison pour ses attaques verbales contre les policiers notamment . Puis, au sommet de sa carrière, la brisure, la rupture, la cassure, la déchirure. Il décide de se présenter aux élections présidentielles de 1981. Se prend-il à ce qui au départ n´est qu´un jeu, une provocation de plus, histoire de sonder sa popularité peut-être? Toujours est-il que beaucoup se désolidarisent alors de lui. S´en suivent des années noires, noires. „C´est l´histoire d´un mec qui tombe, qui tombe, qui n´en finit pas de tomber“ résume l´un de ses biographes. Et puis un comeback retentissant avec un oscar pour le meilleur rôle dans le film „Tschao Pantin“, avec le sketch inoubliable, désopilant avec Thierry le Luron où les deux grands comiques de l´après-68 parodient le mariage du présentateur (homosexuel) de Radio Monte Carlo Yves Mousouri, provoquant un immense embouteillage dans Paris; avec, en septembre 1984, la création des Restos du Coeur qui restera la plus grande oeuvre, la plus belle oeuvre de Coluche, la dernière, car la mort vient le cueillir un bel après-midi de juin 1986: Il n´a plus eu le temps de faire une rentrée que tout le monde attendait impatiemment.

„Putain de camion“, chantera Renaud, t´étais un clown, mais t´étais pas un pantin“