MARIE CARDINAL
MARIE CARDINAL (1929-2001)
Pour ses 90 ans
L´histoire d´une apatride
„Maintenant que la fin approche je trouve que la vie est belle et difficile. Extrêmement belle et extrêmement difficile. Je suis contente de l´avoir vécue, mais je ne voudrais pas recommencer““. C´est le bilan que dresse Marie Cardinale de sa vie à 63 ans, 10 ans avant sa mort. Elle est l´auteure entre autre du bestseller de 1975 „Les mots pour le dire“ qui relate la thérapie à laquelle elle a dû se soumettre à partir de 1960. Sa vie n´a pas été un long fleuve tranquille, elle a été marquée par des évènements dramatiques aussi bien historiques et politiques que d´ordre personnel. Issue d´un milieu riche et cultivé, elle est née le 9 mars 1929 à Alger dans une famille de colons français installée en Algérie depuis 1836. Son éducation est focalisée sur les principes de la grande bourgeoisie catholique qui visent à faire d´elle une épouse modèle, une femme soumise et passive ne sortant pas des rangs. Marie Cardinal va s´employer dans la majeure partie de sa vie à combattre les racines de ce dressage systématique. Diplômée en philosophie, elle se marie en 1953 avec un universitaire, Jean-Pierre Ronfard. Trois enfants naissent en quatre ans. En 1957, Marie quitte son pays pour aller enseigner le français avec son mari dans des lycées à l´étranger (en Grèce, au Portugal, à Vienne) sans savoir qu´elle ne le reverra plus.
Cardinal ne se remettra jamais de la perte de ses racines. Dès les années 60 elle vit en exil. „Partout chez elle, nulle part chez elle“ Elle suit son mari au Canada, mais revient sans lui avec ses trois enfants en France, où elle s´installe dans un quartier prolétaire d´une banlieue parisienne. Marie qui porte sans le savoir les germes de la folie en elle depuis l´enfance doit se soumettre à une psychothérapie. Ce sont les années noires de sa vie avec l´effondrement de tous ses repères, la perte du confort matériel, de son statut social, de son relationnel et de la raison. L´apatride qu´elle est devenue se met à écrire sur son pays, ce paradis perdu et publie plusieurs livres dont « La clé sur la porte » sur sa vie avec ses enfants et les amis naufragés de ses enfants dans la commune de l´après 68, livre qui remporte un immense succès en 1972. Trois ans plus tard « Les mots pour le dire » est le bestseller de «L´Année de la femme ». Désormais Marie Cardinal est non seulement guérie mais encore une écrivaine consacrée qui va se faire un nom en tant qu´auteure féministe. Tous ses livres sont des témoignages poignants du combat que peut être la vie d´une femme dans ce siècle, bousculée entre Histoire et parcours personnel.